dimanche 5 septembre 2010

Test Gof Of War 3

God of War III (PS3)Imaginons qu'une série américaine décide de tout lâcher au troisième épisode, sans se perdre dans des circonvolutions et se voir annulée en cours de route. C'est exactement ce qui se passe avec God of War III, qui a décidé pour son retour sur PS3 de passer en mode "dream match", comme une grosse réunion de catch où les types en slip s'appelleraient Zeus et Kratos. Suite directe du second épisode, qui se concluait sur l'ascension de l'Olympe par les Titans et leur guide acariâtre, GoW III annonce d'emblée la couleur, celle du sang. Perchés sur les hauteurs du mont sacré tels les Chevaliers d'Or, Poseidon, Hadès, Helios, Hermes et Zeus les toisent du regard, certains de mettre un terme à la soif de vengeance du néo-Dieu de la Guerre, Kratos. Un travelling plus tard pour ouvrir l'appétit, et chacun regagne ses pénates pour mieux attendre le moment opportun. L'aventure du Spartiate peut débuter. Plus rien ne sera jamais comme avant.


God of War III (PS3)
Depuis l'avènement du premier God of War en 2005, les studios de Santa Monica sont précédés d'une réputation flatteuse, celle du travail bien fait. God of War III confirme définitivement leur degré d'expertise, en s'imposant haut la main comme l'un des plus beaux jeux actuels. Domptée comme jamais, si l'on excepte Uncharted 2, la PlayStation 3 fait la démonstration de toutes ses ressources en offrant un déluge d'effets graphiques et en animant sans broncher des modèles d'une rare complexité (Poseidon, les Titans), détaillés jusqu'à l'extrême. Certes, le jeu semble moins fluide que les épisodes PS2 en leur temps, mais comment le lui reprocher avec tout ce qu'il est en mesure d'afficher sans que le frame rate ne fléchisse ? Dieu parmi les hommes, Kratos a naturellement eu droit à un traitement de faveur. Chaque gros plan du héros est un festin pour les yeux, tant la modélisation donne l'impression de contempler un acteur de chair et d'os. Imparfait, élastique, cuivré, le traitement du grain de la peau se révèle particulièrement impressionnant. Et que dire des gerbes de sang ennemi qui éclaboussent temporairement Kratos, ajoutant à la sauvagerie de l'ensemble. Les environnements majestueux ne sont évidemment pas en reste, mis en évidence par des mouvements de caméra certes imposés, mais toujours bien choisis. Une fois de plus, les développeurs ont montré toute leur application à donner vie aux aspirations de leurs équipes artistiques, si bien que chaque décor semble directement sorti d'un livre d'illustrations. Homère aurait adoré.

Victoire par Chaos

God of War III (PS3)
Reconnaissons-le, la structure de God of War n'a pas connu de grand bouleversement pour son passage sur PlayStation 3. Balisé depuis le premier volet, et largement copié voire plagié depuis, le gameplay est similaire à celui que l'on connaît depuis toujours. Mêlant action, exploration, plates-formes et combat, le jeu dose toujours à merveille les ingrédients d'une composition riche de saveurs. Certes, le système de combat, tolérant et facile d'accès, ne prétend pas à la technicité des Bayonetta & Co. Comme d'habitude, il suffira d'un peu de pratique pour maîtriser la poignée de combos et engloutir l'écran sous un torrent de lames. Mais quiconque bravera les modes de difficulté supérieurs s'apercevra qu'il est impensable de se contenter des enchaînements de base. De ce point de vue, God of War III apporte quelques améliorations notables, notamment un timing plus indulgent du côté des contres, et surtout la possibilité de changer d'arme à la volée en plein enchaînement, via un raccourci. Ce n'est pas vraiment indispensable en mode Normal, mais les esthètes de la savate prendront sans doute un malin plaisir à projeter leurs ennemis dans les airs avec les différentes lames à disposition de Kratos, avant de leur enfoncer le crâne avec les Crestes de Némée, une arme de poing qui compense son manque de portée par une puissance à nulle autre pareille. L'arsenal de notre ami Spartiate compte également plusieurs objets secondaires - arc d'Apollon, tête d'Helios, bottes d'Hermès - qui ne viennent plus puiser dans la barre de magie, mais dans une troisième jauge ; à la manière des yeux de Gorgone et des plumes de Phénix pour la vie et la magie, réunir trois cornes de minotaure suffira à accroître les caractéristiques du héros. L'habituel passage en mode Furie fera enfin apparaître la lame d'Olympe, pour trancher dans le vif et réaliser des dégâts massifs. En résumé, ce nouveau God of War ne fait rien qu'on n'ait déjà vu en termes de mécaniques pures, à quelques sophistications près.

God of War III (PS3)
Son génie, God of War III le puise dans la bestialité de sa mise en scène, qui repousse encore plus loin les limites dans cet épisode. En passant sur PlayStation 3, les développeurs ont pu laisser libre cours à leur imagination, oser des perspectives encore plus folles, et des déchaînements de violence encore plus insoutenables. On savait God of War imbattable sur le terrain de la mise à mort, mais ce troisième épisode va encore plus loin. Et si la plupart de ces QTE ont déjà été vus à plusieurs reprises lors des jeux précédents, on ne se lasse pas d'énucléer des cyclopes et de décapiter des gorgones aussi bien modélisés. Quand le moindre gros plan détaille avec autant de précision le taureau et son matador sur la totalité de l'écran, la corrida devient un spectacle presque extatique. Et comme on peut le présumer, l'introduction de nouveaux ennemis, cerbères ou chimères, sont autant d'excuses pour déverser des seaux d'hémoglobine gratos. L'ambiance sonore participe pour beaucoup au plaisir que l'on ressent à démembrer les pauvres squelettes ou les harpies jetés en pâture : les os craquent, les articulations se disloquent, le joueur est en transe. Et que dire de tous ces moments où Kratos enfourche une créature des Enfers pour faire payer le tribut au centuple. Dissoudre des rangées de cyclopes en forçant un cerbère à coopérer a quelque chose de purement jouissif. Rarement le joueur aura ressenti un tel sentiment de puissance. C'est ça, être l'égal des dieux.

Les Douze Travaux de Kratos

God of War III (PS3)
La magie de God of War III tient cette fois à un sens du rythme absolument parfait, fusion réussie d'un level design vertigineux et varié, et de séquences d'anthologie qui s'enchaînent sans temps mort ou presque, juste le temps de reprendre son souffle. On nous promettait un bouquet final, c'est une fission nucléaire. Il est évidemment hors de question de spoiler quoi que ce soit, mais Kratos va être forcément amené à croiser la route de chaque principale divinité de l'Olympe, et la rencontre sera à chaque fois orgasmique - pas toujours au sens figuré, d'ailleurs. Et si les duels les plus mémorables peuvent déboucher sur un combat-niveau d'une demi-heure ou presque, chaque rencontre ne se conclut pas nécessairement sur un affrontement "classique" comme dans le moindre Dante's Inferno venu, donnant un soupçon d'originalité et d'audace aux boss, façon Metal Gear. On peut toujours critiquer l'abondance de QTE, un procédé toujours un peu facile, mais ceux de God of War III sont toujours synonymes de grand spectacle et de violence assumée. Ces séquences automatisées ont d'ailleurs gagné en lisibilité ; au lieu de s'afficher au centre de l'écran, le placement des boutons correspond à la place qu'ils occupent sur la manette. Malin. Bon, il arrive aussi de maudire Kratos et sa mère quand la séquence s'interrompt pour un mouvement de stick mal exécuté (ou mal reconnu, mauvaise foi), mais le jeu gère admirablement les checkpoints, y compris durant les combats de boss. A une ou deux exceptions près, notamment le labyrinthe de Dédale particulièrement retors, il est très rare de devoir reprendre un long passage dans son intégralité. Ce souci d'ergonomie limite les frustrations sans pour autant sacrifier le challenge.

God of War III (PS3)
Les énigmes et les phases de plates-formes s'imbriquent elles aussi efficacement dans le gameplay, sans jamais l'alourdir. On pourrait même aller jusqu'à dire que les mécanismes délirants imaginés par les concepteurs sont également pour beaucoup dans la dimension spectaculaire du jeu. Voir Kratos actionner un levier tandis qu'une porte monumentale peine à s'ouvrir a ce je ne sais quoi d'homérique, qui conforte le joueur dans l'idée de violer un territoire jusqu'ici sacré.

Simplement divin

God of War III (PS3)
Toutes ces qualités font de God of War III un titre absolument grandiose et incontournable, tellement varié et bien conçu que même les réfractaires aux jeux d'action ne pourront que succomber. La perfection n'étant pas de ce monde, le jeu pêche peut-être (sûrement) du côté de la durée de vie, puisque huit heures à peine seront nécessaires pour boucler l'aventure en mode Dieu (Normal). C'est moins que la dose syndicale des dix heures et plus époque PS2, mais le jeu essaie de compenser avec deux niveaux de difficulté supplémentaires. On peut même penser qu'il a le bon goût de ne pas s'éterniser comme God of War II en son temps. Ce troisième volet est également truffé d'items divins plus ou moins cachés qui permettent de revivre l'aventure avec de vrais bons bonus (caractéristiques au maximum, magie infinie, etc.), sans oublier les costumes alternatifs de Kratos aux effets dévastateurs. Des combats en arène et des défis de plus en plus relevés, comme se faire pétrifier dix fois sans mourir, viendront enfin se glisser parmi les différentes options de jeu. Bref, les développeurs ont cherché à booster la durée de vie par tous les moyens possibles - même si la seule qualité du mode Histoire devrait suffire à convaincre les joueurs de rempiler une seconde fois. Kratos mérite bien un tel hommage.

Test Motorstorm Pacific Rift

On ne change pas une équipe qui gagne : une formule que les développeurs de MotorStorm Pacific Rift ont visiblement bien assimilé. Cela dit, on ne leur en voudra pas trop tant il est vrai que le premier épisode de MotorStorm reste l'une des exclusivités marquantes de la PlayStation 3. L'un de ces titres qui contribuent à fortifier l'image de la console, un peu noyée dans l'avalanche croissante de jeux multisupports. Pour ne pas tourner autour du pot, ceux qui n'avaient pas accroché au premier opus n'auront donc aucune raison de s'intéresser à cette suite, car la formule reste globalement la même aussi bien sur la forme que sur le fond. Ceux qui aiment le genre, par contre, seront certainement ravis d'apprendre que le titre tient la plupart de ses promesses en consolidant ses atouts de base, tout en apportant tout de même une petite pincée de nouveautés.

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
L'une des originalités de MotorStorm premier du nom était sa gestion du turbo. Un procédé qui fait son retour, mais avec quelques modifications qui en améliorent encore la gestion. Quelques secondes après le départ, il est donc toujours possible d'appuyer à tout moment sur la croix de la manette pour être propulsé en avant, mais en cas d'abus, le moteur surchauffe et pourra littéralement exploser en course, vous faisant perdre de précieuses secondes. Alors qu'il fallait auparavant attendre sagement que la chaleur redescende avant de pouvoir appuyer à nouveau sur le champignon, MotorStorm 2 introduit un nouvel élément pour chambouler un peu la règle : l'eau. Quel que soit l'environnement, on trouvera ainsi régulièrement des étendues d'eau dans lesquelles il suffira de tremper un pneu pour refroidir immédiatement son bolide, et pouvoir repartir ainsi à fond les ballons pendant quelques centaines de mètres. L'intérêt de la chose est réel dans des courses aussi ouvertes que celles d'un MotorStorm puisque les joueurs pourront ainsi choisir d'emprunter un embranchement plutôt qu'un autre pour faire le plein de turbo, quitte à devoir faire un léger détour.

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
Pacific Rift conserve également l'esprit "bordélique" de son prédécesseur, qui lui avait permis de se démarquer du lot. En fait, il va même encore un peu plus loin dans cette direction en exploitant davantage les contacts entre les différents pilotes afin d'encourager au maximum les pires coups bas sur la piste. Concrètement, on dispose désormais d'une touche permettant de se déporter brusquement sur le côté, comme pour porter un coup avec son capot à un concurrent. Une technique absolument fantaisiste permettant de provoquer un tête à queue, de pousser gentiment un rival dans un fossé, de dégager un motard un peu trop collant, mais aussi de modifier un peu sa trajectoire en catastrophe. Bien sûr, il était déjà possible de coller des baffes à ses semblables dans le premier volet quand on pilotait un quad ou une moto, mais étendre le principe à toutes les classes de véhicules est finalement une bonne chose qui rend les courses, déjà très riches en rebondissements à la base, encore plus vivantes. Toujours du côté de la finesse, on notera également l'arrivée d'un nouveau venu dans le casting des montures proposées avec le fameux Monster Truck, seul véhicule capable de faire trembler les gros camions qui représentaient jusqu'alors la force de frappe absolue dans le jeu.

Puissance maîtrisée

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
Justement, la variété des engins disponibles est une fois de plus l'un des gros atouts de ce MotorStorm Pacific Rift et la différence de pilotage entre chaque type de machine est accentuée, ce qui apporte pas mal de variété au gameplay. Comme il y a deux ans, les courses sont vraiment bien conçues afin d'offrir de nombreuses possibilités avec des passages plus ou moins adaptés au type de véhicule sélectionné, qu'il s'agisse d'une moto, d'un quad, d'un buggy, d'une caisse de rallye, d'un 4x4, d'un poids lourd ou du Monster Truck. Mais ce n'est pas tout puisqu'on trouve également cette année des championnats divisés en catégories bien distinctes, toutes dédiées à un élément différent. L'eau, la terre, l'air, le feu... Autant de thèmes réunis sur une seule et même île qui permettent de proposer des approches différentes en course et qui changent vraiment des étendues désertiques et de la boue un peu monotone de la première version. Le mode carrière propose aussi de nouveaux types d'épreuves pas bien originales mais qui ont le mérite de varier un peu le rythme avec du passage entre les plots chronométré, du "last man standing" (le dernier est éliminé après un laps de temps), et une progression obligeant le joueur à se rendre régulièrement aux quatre coins de l'île pour ne pas qu'il ne sente trop la lassitude en se limitant à un seul élément pendant des heures.

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
La conduite de MotorStorm PR reste, elle, vraiment proche de ce que l'on pouvait attendre. On retrouve des démarrages et des reprises un peu molles, des véhicules qui donnent l'impression de rebondir et d'avoir des amortisseurs chamallow. Rien de bien grave toutefois puisqu'avec de la pratique, on arrive tout de même à dompter les imperfections de la piste pour ne pas trop quitter le sol (en dehors des courses bourrées de tremplins) et à atteindre de jolies pointes de vitesse en maintenant la touche turbo enfoncée le plus longtemps possible. Le frein à main fait des miracles, et il est souvent possible de récupérer un saut ou un virage mal engagé en jouant du turbo, ou en profitant des largesses du gameplay plus arcade que jamais. Pacific Rift est donc fun avant tout, il mise sur le spectaculaire et envoie le réalisme valser dans le décor sans aucun complexe, mais c'est finalement surtout pour cela qu'il plaît. Des arguments qui restent toutefois pratiquement les mêmes que ceux du premier épisode, et à partir de ce constat, il est clair que ceux qui espéraient une révolution en seront pour leurs frais.

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
Dans sa version japonaise, MotorStorm ressemblait presque à une grosse démo, magnifique mais trop pauvre en contenu pour justifier pleinement son prix. Cette fois, le jeu nous laisse moins sur notre faim avec deux fois plus de courses, quelques bonnes choses à débloquer (vidéos, véhicules, pilotes), et surtout un mode multi plus riche. Le jeu en ligne est de retour, classique et efficace, mais c'est surtout l'apparition du jeu à plusieurs en local qui devrait permettre au titre de marquer des points. Jusqu'à 4 en écran splitté, il sera alors possible de se rentrer dans le fondement de façon forcément plus conviviale en sacrifiant un peu de détails à l'écran. Ainsi armée, cette suite a largement de quoi offrir pas mal d'heures de jeux aussi bien en solo qu'à plusieurs. En tout cas beaucoup plus que le premier épisode, et c'est toujours ça de pris.

MotorStorm Pacific Rift (PS3)
Labellisé "plus beau jeu de lancement de la PlayStation 3" par votre serviteur, il est vrai peu avare en déclarations populistes de ce genre, MotorStorm Pacific Rift place la barre encore plus haut. Bien sûr, la baffe n'est plus la même et bien d'autres jeux sont sortis depuis, mais dans sa catégorie, il reste encore ce qui se fait de mieux. Passons sur la profondeur de champ hallucinante et la somme de détails à l'écran sidérants affichés (presque tout le temps) sans saccades pour souligner le travail de variété évident du côté des environnements et des décors. Les couleurs flashent, l'eau, le feu ou la fumée sont superbement représentés, la végétation est touffue, et les accidents rivalisent avec ceux d'un Burnout. Visuellement, c'est très costaud, et la PlayStation 3 tourne à plein régime pour mouliner une masse de polygones et gérer des éclairages qui imposent le respect. Le fait de ne plus courir dans le désert les trois quarts du temps a néanmoins quelques inconvénients. L'écran est si chargé en détails qu'il est parfois difficile de se repérer convenablement dans des courses parcourues la première fois. Avec un peu de pratique tout s'arrange, mais une carte, plus de choix dans les vues, ou une meilleure signalisation n'auraient certainement pas été de trop. L'oeil des plus exigeants remarquera également l'inégalité des textures avec certaines courses où le sol trop flou contrastera avec le niveau visuel global, mais là encore, rien de dramatique pour peu que l'on concentre sur ce qui se passe sur la piste. Et cela vaudra mieux, car seul comme à plusieurs, MotorStorm Pacific Rift reste un jeu de course arcade grand spectacle où la finesse parvient à se faire une petite place au milieu d'un gameplay favorisant à fond les sauts vertigineux, les sorties de piste, les accidents, et les dépassements sur le fil sur la ligne d'arrivée. Une bonne dose d'adrénaline, en somme.